Chaque année, le Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit est décerné par le Parlement européen à des individus ou groupes qui ont fait preuve d’un engagement exceptionnel en faveur des droits de l’homme et de la liberté d’expression. En 2023, deux figures éminentes du Nicaragua, Vilma Núñez de Escorcia et Monseigneur Rolando José Álvarez Lagos, ont été nominées pour ce prestigieux prix. Leur dévouement à la promotion des droits humains et à la démocratie dans leur pays a été reconnu à l’échelle internationale.
Vilma Núñez de Escorcia est une avocate et militante des droits de l’homme renommée au Nicaragua. Elle est la fondatrice et la présidente du Centre Nicaraguayen des Droits de l’Homme (CENIDH), une organisation non gouvernementale dédiée à la défense des droits de l’homme, à la promotion de la démocratie et à la protection des libertés civiles au Nicaragua. Pendant 33 ans, Núñez de Escorcia a joué un rôle central dans la lutte pour les droits fondamentaux au Nicaragua. Par le biais du centre, elle a documenté et dénoncé la grave répression et accompagné des milliers de victimes de violations des droits de l’homme.
Son engagement envers la justice et les libertés civiles l’a mise en conflit avec les autorités nicaraguayennes qui l’ont déclaré « traître à la patrie » et déchues de sa nationalité et de ses biens, la laissant apatride dans son propre pays, soumise à de multiples violations de ses droits humains.
La seconde nomination de Monseigneur Rolando José Álvarez Lagos, évêque catholique du Nicaragua dénote le rôle vital des leaders religieux dans la promotion des droits humains et la justice sociale. En tant que membre actif de la Conférence épiscopale du Nicaragua, il a joué un rôle clé dans la médiation de conflits politiques et sociaux dans son pays. Ainsi, Monseigneur Rolando José Álvarez Lagos a plaidé en faveur du dialogue et de la réconciliation nationale.
Sa lutte contre le régime de Ortega l’a amené à être victime de persécutions. Depuis le 10 février 2023, Monseigneur a été a été arbitrairement condamné à 26 ans de prison et au retrait de sa nationalité. Depuis ce jour, il est emprisonné, apatride, dans l’un des centres de torture du pays et son état physique et psychologique est inconnu, en violation flagrante de tous les droits fondamentaux.
La nomination de ces deux figures de la lutte pour la liberté et les droits fondamentaux au Nicaragua témoigne de la reconnaissance internationale de leur incroyable combat contre la tyrannie du régime de Daniel Ortega. Cette nomination envoie un message clair : la communauté internationale reconnaît et soutient les défenseurs des droits de l’homme au Nicaragua et redonne espoir pour un changement vers la paix dans le pays. Elle rappelle également l’importance de la démocratie, de la justice et du respect des droits de l’homme comme valeurs universelles.
Depuis le soulèvement de 2018, le Nicaragua connaît une restriction de plus en plus ferme de son espace civique et des violations successives à l’égard des droits fondamentaux, de l’autonomie universitaire, de la liberté académique et médiatique. Plus de 3400 organisations des droits de l’homme, d’actions humanitaires, religieuses et médiatiques ont été fermées et 25 universités dont la plus grande, l’Université Centraméricaine du Nicaragua ont été confisquées par le gouvernement. Le Prix Sakharov 2023 rend hommage aux combats de tous les défenseurs des droits humains et organisations luttant contre un régime qui pille et réprime son peuple, érode la démocratie, intimide et emprisonne ses opposants.