
Le Réseau International des Droits Humains Europe (RIDHE), fervent défenseur des droits humains en ALC et dans l’UE et d’une collaboration plus étroite entre les deux régions, a assisté à cette discussion et souhaite partager les éléments fondamentaux qui ont été abordés.
En perspective de l’organisation du Sommet entre l’Union Européenne (UE) et la Communauté des États Latino-Américains et Caribéens (CELAC) prévu les 17 et 18 juillet 2023 à Bruxelles, en Belgique, un événement clé s’est tenue la semaine dernière, le 15ème Forum économique international sur l’Amérique latine et les Caraïbes (ALC) organisé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette discussion a réuni d’éminents panélistes et experts afin de comprendre les enjeux d’un nouveau partenariat bi-régional pour le développement durable.
Perspective économique de la coopération EU-CELAC
Le 15ème Forum économique a mis en avant l’importance d’une coopération entre l’UE et la région des ALC pour promouvoir un développement durable en Amérique latine et dans les Caraïbes. Les piliers de cette coopération incluent la gouvernance, l’investissement durable, l’environnement et la productivité, dans le but de créer une transition verte et numérique qui réponde aux enjeux mondiaux actuels.
La région des ALC possède un grand potentiel, avec une biodiversité abondante, des réserves de lithium et des sources d’énergie propre. Cependant, elle fait face à des défis tels que l’inégalité sociale, la pauvreté, l’emploi informel et la vulnérabilité aux changements climatiques.
Une coopération entre les deux régions doit se baser sur la justice climatique et la protection des droits humains. Les similitudes entre la région ALC et l’UE, notamment en termes d’économie, de démocratie, de multilatéralisme et de sensibilité aux droits des femmes et de la communauté LGBTQI+, peuvent être exploitées pour créer un partenariat durable.
Les pays des ALC sont invités à encourager la croissance économique tout en préservant l’environnement et en favorisant la participation de tous les secteurs. Cela implique de développer des infrastructures durables, de créer de nouveaux secteurs axés sur l’économie circulaire, de suivre l’agenda mondial et de promouvoir le développement social. Cette approche permettra de réduire le taux élevé d’emplois informels et de créer de nouvelles opportunités.
Ainsi, une coopération durable entre l’UE et les ALC est nécessaire pour relever les défis sociaux et environnementaux de la région, tout en exploitant son potentiel pour le développement des énergies vertes, la transition numérique et la sécurité alimentaire mondiale.
Les investissements essentiels pour assurer une transition verte, juste et numérique dans la région des ALC
Pour assurer cette triple transition, il est nécessaire d’engager tous les pays et tous les acteurs dans la lutte contre le changement climatique afin d’atteindre l’objectif 17 du développement durable. Une des solutions consiste à réfléchir à l’initiative Bridgetown, qui répond aux besoins des pays confrontés au surendettement et à des problèmes de liquidité en proposant des mesures de relance visant à investir dans les objectifs de développement durable et à réformer la structure financière internationale.
Si les acteurs investissent 20% dans le développement durable dans les pays des ALC, il est possible d’augmenter la création d’emplois de 10% d’ici 2030. Pour assurer la transition verte, les panélistes ont donné des exemples de bonnes pratiques et d’initiatives à prendre en matière d’investissement. En Colombie, les politiques publiques se sont engagées sur la question de l’aménagement du territoire et de l’accès à l’eau pour faire face aux conséquences de la durabilité des villes. Au Chili, les ressources en lithium rendent possibles la création de nouveaux secteurs pour développer les conditions d’exploitation de ce minerai et en tirer une valeur ajoutée. Au Brésil, le pays bénéficie d’énormes atouts en termes d’accès aux terres et aux ressources naturelles pour produire de l’énergie éolienne, solaire et de l’hydrogène vert. Il est possible de créer une production à forte valeur ajoutée, telle que la transformation de l’hydrogène en ammoniac vert, afin de produire localement des engrais. Ces initiatives permettront la décarbonisation de la matrice productive, l’amélioration des services publics et la satisfaction des attentes sociales et environnementales.
Pour fonctionner correctement, la communauté internationale doit reconnaître les ressources naturelles, telles que l’eau et les forêts, en démontrant que ces actifs verts sont essentiels pour la région en termes de développement. La reconnaissance de ces ressources en tant que patrimoine de l’humanité est l’une des possibilités pour relever ces défis.
Ainsi, ces initiatives nécessitent des investissements intelligents et une coopération de tous les acteurs à toutes les échelles de la chaîne de valeur. Il est important d’inclure une approche différenciée en fonction des réalités locales, régionales et nationales, ainsi qu’une pédagogie visant à changer les mentalités concernant les énergies fossiles.
Pour développer une approche différenciée en fonction des réalités locales, régionales ou nationales, il est important de prendre en compte le facteur humain, le taux de pauvreté et la gravité des problèmes sociaux. Relever les défis d’une transition triple, c’est comprendre l’interaction entre le numérique et l’environnement. Ainsi, pour répondre aux besoins des individus, la création de réseaux et d’infrastructures des TIC peut garantir à 35 millions de personnes l’accès à Internet et le développement des compétences nécessaires pour répondre aux exigences du marché du travail.
Les initiatives de financement pour faire face aux défis de la transformation de la production
Pour assurer la transformation de la production, les institutions financières ont investi dans l’innovation, la diversification et le capital humain afin de relever les défis du développement durable dans la région des ALC. En Colombie, des investissements ont été octroyés aux petits producteurs pour diversifier leur production, atténuer les risques agricoles et respecter le cycle naturel. Au Mexique, les prêts aident les petits producteurs de fruits rouges à construire des serres et à mettre en place une irrigation au compte-goutte afin de régénérer les sols et atténuer les émissions de dioxyde de carbone. Au Salvador, le secteur bancaire s’est transformé pour être plus inclusif en prenant en compte des facteurs tels que le genre et des périodes particulières comme la grossesse, la monoparentalité, la maladie ou le décès. Cette forme d’inclusion permet de soutenir les femmes exerçant des activités informelles à vivre dignement pendant ces périodes. Au Brésil, le gouvernement de Lula a manifesté son engagement envers le développement durable en finançant à la fois des outils existants et de nouveaux outils impliquant de nouveaux partenaires pour investir dans les fonds climatiques. Ainsi, la banque nationale contribue à une économie productive et durable en mettant en place des taux d’intérêt plus bas pour les projets qui soutiennent les objectifs climatiques.
Pour obtenir des résultats, les investissements dans les pays de la région ALC doivent se concentrer sur des projets d’envergure tels que l’assainissement de l’eau ou le financement de bus électriques. Il est essentiel d’obtenir le soutien du secteur privé, d’utiliser des financements mixtes et de mobiliser les investissements dans les zones à risque afin d’attirer des flux financiers vers les pays.
En conclusion, il est essentiel que la région ALC et l’UE convergent dans leur recherche d’investissements en mobilisant des fonds privés avec un effet catalyseur de fonds publics. La coopération entre l’Union européenne et les pays de la région ALC doit tenir compte des responsabilités différenciées et se baser sur la création de politiques publiques